Pour Bastia et Furiani, un retour réussi dans le monde professionnel

Le promu bastiais a regoûté au monde professionnel, samedi face à Nîmes, en même temps que le pays retrouvait un stade avec du public et de l'ambiance. Voilà deux bonnes nouvelles pour le foot français.

Les voitures bloquées dans tous les sens, les klaxons d'impatience, l'angoisse d'arriver en retard et cette petite rue du stade, si proche d'Armand-Cesari mais encore si loin du parking, car complètement asphyxiée. Les automobilistes qui se garent à la va-vite devant les magasins, les gérants de ces derniers qui sortent, qui hurlent et, au milieu de ce désordre, des dizaines de piétons vêtus et grimés de bleu traversent la voie rapide, la « Territoriale 11 », en enjambant les parapets avant de courir au milieu des véhicules à l'arrêt.

Furiani avait des allures de chaos et d'anarchie, samedi après-midi, à une demi-heure de Bastia-Nîmes (1-1), en ouverture de la saison de Ligue 2. Mais c'était un chaos souriant et joyeux et, pour tous ceux qui avaient vécu les longs mois de crise sanitaire depuis les stades silencieux et déserts, une anarchie délicieuse à retrouver. Le foot d'en haut avait laissé l'enceinte bastiaise sur des échauffourées contre l'OL puis de tristes huis clos, au printemps 2017, il l'a revu bruyante et festive, animée par près de 9 000 supporters fiers de rallumer enfin la lumière.

Tombé en enfer et en N3 il y a quatre ans, le Sporting Club de Bastia vient de valider sa troisième promotion de suite, en terminant champion de National. L'affiche était alléchante, contre le Nîmes Olympique, avec qui les Corses partagent une certaine idée de l'ambiance à la maison. Et sous un ciel bien chargé, mais pas autant que le passé de ces deux clubs, les Crocos ont d'abord marqué la différence entre une équipe qui descend de L1 et une autre qui s'extirpe du monde amateur. « Il fallait se réhabituer à un environnement bruyant, a analysé l'entraîneur corse Mathieu Chabert. On a eu un temps d'adaptation et on a été punis. » Lamine Fomba, de la tête, a donc inscrit le premier but de cette saison de L2 sur un bon centre de Yassine Benrahou (0-1, 12e).

 

« On a eu de l'appréhension au début, a reconnu le Bastiais Maguette Diongue. Ensuite, on aurait pu faire mieux, mais c'est déjà bien d'avoir obtenu ce résultat. » Lui et ses coéquipiers sont allés le chercher après la pause, poussés par des tribunes qui se levaient pour rugir sur chaque ballon gagné. Après une magnifique action collective, le milieu de terrain bastiais a lui-même égalisé d'une reprise sous la barre (51e). C'était le premier but du club corse en Championnat professionnel depuis une réalisation contre Lorient le 14 mai 2017, signée Gaël Danic. Ce dernier coule aujourd'hui une tranquille retraite en Bretagne où il vient d'ouvrir un complexe de padel, ce qui donne une petite idée de l'attente endurée par les Bastiais. « Il y a une vraie identité ici, de la ferveur, a dit Pascal Plancque, le coach nîmois. Même s'il y a toujours un ou deux idiots qui balancent des conneries, comme partout, j'ai trouvé ça superbe. »

Le technicien gardois pourra regretter un penalty non sifflé sur Benrahou, fauché par Kaïboué (78e), Jérôme Miguelgorry préférant avertir le Nîmois pour simulation. C'était une erreur d'arbitrage, mais Plancque l'a lui-même qualifiée « d'épiphénomène ».

Car après cela, Bastia a encore essayé de gagner malgré ses carences quand Nîmes tentait de ne pas perdre, même si les Crocos manquaient cruellement de solutions offensives sur le banc. « L'ambiance, ça prend au corps, ça te traverse, a tenté de décrire Chabert. Quand on dit que ça pousse, c'est vrai... ça pousse vraiment ! Alors quand on a égalisé... Pfiou ! Je n'ose pas imaginer un but contre Paris (Sourire.) ! » Pour ça, il faudra attendre la Coupe de France, ou viser une quatrième montée d'affilée. Mais si 9 000 supporters chantaient fort et ensemble dans un stade de foot français, samedi, alors il n'est plus interdit de rêver.

 

publié le 24 juillet 2021 à 21h47
L'Equipe